Bravo !!
Il s'agit bien de la Régente.....
En voici l'histoire......
Napoléon a acheté à sa nouvelle épouse,
Marie Louise, de nombreuses parures avec l'intention d'éblouir l'ensemble de l'Europe. Ces parures ont toutes été créés par le joaillier François-Regnault Nitot et achetées pour un montant total de 6 600 000 francs-or.
Parmi la collection se trouve une magnifique parure de perles (123 429 francs) ; le diadème comporte 297 perles (219 547 francs).
La perle centrale, au sommet, avait la forme et la dimension d'un œuf de pigeon. Elle pesait 346,27 grains, ce qui était et est encore la plus grande perle naturelle connue.
On ne sait rien de la perle avant le 28 Septembre 1811, jour où Nitot l'a vendue à Napoléon, mais il semble probable qu'il s'agissait d'une de ses récentes découvertes.
À la chute de l'Empire, Louis XVIII a fait transformer les joyaux par Evrard Bapst, le bijoutier de la couronne. La parure de perles aussi a été remodelée et la perle principale a été de nouveau au centre d'un diadème, livré le 20 Juillet 1820.
Comme Louis XVIII et Charles X ont été veufs, les parures royales ont été portées par
Marie-Thérèse de France, fille de Louis XVI et épouse du duc d'Angoulême, et aussi par
Marie-Caroline des Deux-Siciles, épouse du duc de Berry et mère du comte de Chambord, le dernier descendant de la branche aînée des Bourbons.
Pendant le règne de Louis-Philippe, les joyaux n'ont pas été portés, mais sous le Second Empire, ils ont été affichés dans toute leur splendeur.
Le 29 Janvier 1853, Napoléon III épouse
Eugénie. Dès leur mariage, elle commence à faire transformer les bijoux selon ses goûts. Gabriel Lemonnier (25 place Vendôme, bijoutier de la cour), a ainsi créé un superbe bustier de perles et diamants, de style 18ème. En son centre trônait l'énorme perle achetée en 1811.
1870, exit le Second Empire...
Sous la troisième République, les joyaux ont été exposés à deux reprises : au cours de l'
exposition universelle de 1878 et au Louvre en 1884.
Pour cette dernière exposition, il y avait également un magnifique diadème créé en 1853 par Lemonnier : 212 perles et 1998 diamants.
Mais le parlement décide que la majeure partie des bijoux de la couronne sera vendue aux enchères, entre les 12 et 23 mai 1887...
Le diadème d'Eugénie est donc vendu pour la somme de 78 100 francs, au joailler Jacoby. Il le revend aux princes von Thurn und Taxis, et a été finalement racheté par la Société des Amis du Louvre en 1992. Il y est exposé au département des objets d'art.....La célèbre perle et le bustier de diamants (lot 42, dans la vente) ont étés vendus pour 176 000 francs-or à un certain Jacques Rossel.
Celui-ci agissait en réalité pour le compte de Carl Fabergé, le célèbre joaillier de la Couronne de Russie, qui voulait rester discret. Fabergé a montré le catalogue de la vente au prince
Nicolas Youssoupov, qui a été surtout intéressé par l'énorme perle : il voulait l'offrir à sa fille, la Princesse Zénaïde.
Les experts de la vente de 1887 ont fait des erreurs historiques, qui ont été dénoncées à l'époque par Germain Bapst dans son livre "Histoire des Joyaux de la Couronne de France", publié en 1889. Les autorités ont probablement nommé "notre" perle "La Régente" par analogie avec le plus important diamant de la couronne ("Le Régent", pesant 140,50 carats).
En fait, ce nom de "La Régente" pourrait être liée au fait que les deux impératrices (Marie-Louise et Eugénie) ont été élevées au titre de Régente en l'absence de leur mari : Marie-Louise en janvier 1813 par Napoléon Ier pendant la campagne d'Allemagne, et Eugénie par Napoléon III quand il était au front pendant la guerre de 1870. Le prince Félix Youssoupov offre finalement la magnifique perle à son épouse la princesse
Irina Alexandrovna, en cadeau de mariage, en 1914.
En 1917, le prince Félix fuit la Russie, emportant avec lui une partie du trésor Youssoupov, y compris la magnifique "Pelegrina" (133,6 grains, vendue par Christie's Genève le 14 Mai 1987).
Espérant qu'il pourrait un jour rentrer en Russie, le prince Félix avait caché le reste des bijoux de la famille, dont "La Régente", dans un mur de son palais, à Saint-Pétersbourg.
Manque de pot, les bijoux sont découverts par
les bolcheviks… étalés sur une table, photographiés et ensuite vendus à différents moments, en divers lieux qui n'ont jamais été divulgués.
Si on ne sait pas quand exactement elle a été vendue par les bolcheviks, il est maintenant prouvé que la perle est restée dans
la même famille (qui souhaite rester anonyme !) entre 1950 et 1987. Elle fut vendue chez Christie's New York, le 16 Juin 1987 (lot 385) : la perle avait été montée en pendentif pour un délicat tour de cou avec dix-huit diamants de couleur. C'est ce pendentif qui avait été offert par le prince Félix Youssoupov à sa femme.
La perle est acquise par un
banquier koweïtien pour la somme insignifiante de 11 210 000 francs suisses…
La perle est de nouveau en vente en 2005, pour la modique somme de 2,1 millions d'euros et acquise par
un milliardaire chinois.
Et voilà, à vous la main, mon cher.....