Je dois me rendre à l'évidence que ma question ne passionne point les foules, aussi, en voici la réponse, et je vais en trouver une autre...
Napoléon rencontre un jour un vieux grognard de la garde et lui dit :
" Ah ! c’est toi, mon ami, lui dit-il, comme il se présentait à lui, en le reconnaissant pour un de ses braves ; que me veux-tu?
– Sire, il m’est arrivé un grand malheur…
-Une injustice, un passe-droit, n’est-ce pas ?
-Non, sire ; j’ai une bonne femme de mère qui vivait heureuse et contente du produit de la paye que lui faisaient ses cinq enfants, tous soldats comme moi. Elle habitait une chaumière que le feu vient de dévorer ; et, comme il ne lui reste plus que soixante-dix-sept ans et des yeux pour pleurer, ce n’est pas assez.
-Tu viens me demander une pension pour elle ? C’est juste ; la mère d’un de mes braves doit compter sur moi. J’en parlerai au ministre de l’intérieur. Es-tu content ?
-Non, sire:
-Diable ! tu es bien difficile. Alors que veux-tu ? un bon de moi sur le Trésor ?
-Non, sire. Ce n’est pas que je trouve votre signature mauvaise ; mais le temps que les commis mettront à enregistrer, timbrer et parafer votre bon, il n’y aura plus de vieille mère pour moi. Tenez, mon empereur, je n’y vais pas par quatre chemins ; je viens vous emprunter de l’argent de la main à la main ; et ; pour que vous ne pensiez pas que je veux vous tromper, voici mon livret ; vous toucherez mon prêt, la solde de ma croix ; le quartier-maître vous comptera tout cela.
– Garde ton livret, mon brave : entre deux vieilles connaissances comme nous, la parole suffit. Voici un rouleau en attendant (c’était un rouleau de 1.000 francs) ; tu me rendras cela quand tu seras colonel.
– Merci, mon empereur ; mais, dans votre intérêt, vous devriez bien me nommer caporal, pour avancer un peu l’époque du remboursement. »
Napoléon accorda, pour finir, au vieux soldat les galons de sergent......