Petit village du Nord de la France.
Il était huit heures ce matin quand l'officier d'ordonnance en provenance du quartier général de l'Empereur entra au galop dans le village où deux compagnies du 1er régiment de grenadiers de la garde impériale stationnaient. Chaque homme de troupe connaissait la fonction de ces officiers d'élite et l'arrivée de ce messager impliquait que l'Armée allait probablement faire mouvement pour une nouvelle affaire.
Arrivé au centre du petit bourg, l'officier identifia immédiatement le local où était logé le Général Chef de Corps du régiment et stoppa sa monture tout en descendant prestement.
Alors qu'un caporal se saisissait des rênes, l'officier supérieur pénétra dans la maison.
Plusieurs dizaines de minutes plus tard, les deux officiers se retrouvaient éclairés par un soleil rayonnant. Ils se saluèrent comme le font des compères de vieille connaissance avant de se séparer.
Dès lors le Général fit battre un ban et une forte animation régna dans le village alors que les habitants contemplaient avec bonne humeur ce spectacle improvisé.
Dans l'après midi, le régiment complet était formé au centre du village. Le Général accompagné de son état-major étaient posté sur le parvis de la petite église :
« Officiers, Soldats... L'Empereur nous fait part de son désir de marcher en bataille pour repousser une nouvelle coalition qui menace la Nation... » Il poursuivit quelques instants son préambule avant de faire lecture de l'ordre de marche envoyé par le Quartier Général...
A sa terminaison, un silence profond gagna l'espace comme si le temps avait quitté l'univers... et soudain, un « Vive l'Empereur » explosa dans un souffle puissant et furieux...
Le Général était fier de commander cette unité d'élite et ce moment passé augmentait encore ce sentiment...
31 Juillet 1805... Extrait du Recueil du Sergent Bonheur
1er compagnie, 1er bataillon, 1er régiment de grenadiers de la garde impériale.