Mais j'espérais que le très pertinent Caporal Frédéric pourrait nous gratifier de son point de vue en voyant le sujet réapparaître.
Caporal Frédéric au rapport, mon Général.
Vous me demandez d'émettre un point de vue sur celui d'un homme autant reconnu compétent que le Maréchal Davout. Vous m'envoyez purement et simplement au casse pipe.
Je me permets de signaler que vous semblez avoir trouvé cet intéressant article à l'endroit suivant :
http://www.1789-1815.com/wat_davout.htmIl s'agit du site très documenté du même Bernard Coppens qui est mis en cause sur ce fil même. On peut ne pas apprécier son travail mais il est important de lui restituer le mérite de ses recherches quant au sources qu'il nous livre grâcieusement.
Je n'ai aucune compétence pour critiquer l'avis d'un officier qui a vu tant de combats réels et qui est reconnu pour ses qualités militaires.
Toutefois, il est réconfortant de constater que certaines de ses conclusions rejoignent les remarques que je me suis moi même faites en lisant les différentes sources auxquelles j'ai eu accès.
Un général en chef ne peut donner des directions que lorsqu'il connaît la position de l'ennemi.
J'ai constaté que c'était un des aspects récurents de la campagne de 1815 du côté français. Une impossibilité à se faire une idée claire de la position et des mouvements des armées ennemies tout au long de la campagne.
En voici quelques exemples :
- Le rapport envoyé par Lefèbvre-Desnoëttes à Ney le 15/06 à 21h00 (avant garde de Ney à Frasnes)
"(...) Les paysans ne peuvent pas me donner de renseignements sur un grand rassemblement de troupes dans ces environs, seulement il y a un parc d’artillerie à Tubise, composé de 100 caissons et 12 pièces d’artillerie ; on dit que l’armée belge est dans les environs de Mons et que le quartier général du jeune prince Frédéric d’Orange est à Brenne-le-Comte (sic). (...)Demain, à la pointe du jour, j’enverrai aux Quatre-Bras une reconnaissance qui l’occupera, s’il est possible, car je pense que les troupes de Nassau sont parties. (...)"On le voit, la cavalerie légère de la garde envoyée en éclaireur et chargée de récolter des informations de ce côté visualise l'armée belge à Mons alors qu'elle est en mouvement sur Nivelles et pense que les Nassauviens ont quitté les Quatre-Bras alors qu'il s'y sont concentrés et qu'ils y attendent du renfort.
- Le rapport envoyé par Vandamme à Napoléon le 15/06 à 22h00
(...)Je pense que l'ennemi n'a que 12 à 15.000 hommes. Le maréchal Grouchy croit qu'il y a 30.000 hommes.
L'ennemi n'a démasqué que 10 à 12 pièces de canon. L'ennemi est maintenant en arrière de Fleurus entièrement en retraite.(...) A nouveau Vandamme estime les Prussiens à maximum 15.000 hommes et les visualise entièrement en retraite alors que Ziethen a dans les 31.000 hommes et a reçu l'ordre de Blücher de tenir sa position en attendant les 3 autres corps prussiens qui font mouvements.
Il faut croire que malheureusement, Napoléon ne recevra pas beaucoup d'autres informations à ce sujet car le lendemain il écrira lui même à Grouchy dans son ordre de mouvement du 16/06 au matin
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"Toutes les données que j'ai sont que les Prussiens ne peuvent pas nous opposer plus de 40 000 hommes."C'est en réalité près de 90.000 hommes que les Français vont avoir en face d'eux ce jour là.
A ce moment d'ailleurs Napoléon ne donne que 50.000 hommes à Grouchy pour effectuer son mouvement sur Sombreffe comme l'indique toujours son ordre :
" Mon intention est que, comme commandant de l'aile droite, vous preniez le commandement du 3° Corps que commande le général Vandamme, du 4° que commande le général Gérard, des corps de cavalerie que commandent les Généraux Pajol, Milhaud et Exelmans, ce qui ne doit pas faire loin de 50 000 hommes.
Rendez-vous avec cette aile droite sur Sombreffe."Comme le constate Davout, n'ayant pas une idée nette de la position de l'ennemi, Napoléon ne donne tout d'abord pas assez de moyen à Grouchy. Ce ne sera qu'aux moment ou il constatera lui même la présence en force des Prussiens qu'il fera avancer le VIème corps de Lobau et appelera à lui le maréchal Ney. Mais ce ne sera qu'à 14h00 et avec les suites que nous connaissons.
De même du côté des Quatre-Bras les français imaginent que le carrefour a été abandonné et que les troupes anglo-néerlandaises se sont retirées des routes de Nivelles et Namur. Comme l'indique lordre de Soult envoyé à Ney le 16 au matin :
"L’Empereur ordonne que vous mettiez en marche les 2ème et 1er Corps d’armée ainsi que le 3ème Corps de cavalerie qui a été mis à votre disposition pour les diriger sur l’intersection des chemins dits des Trois-Bras où vous leur ferez prendre position, et vous porterez en même temps des reconnaissances aussi en avant que possible sur la route de Bruxelles et sur celle de Nivelles, d’où probablement l’ennemi s’est retiré. (...)"En réalité, c'est tout le contraire qui se passe côté allié : les troupes ont été renforcées aux Quatre-Bras et les renforts arrivent sur les routes de Bruxelles et Nivelles.
En réponse à cet ordre Ney n'arrivera toujours pas à éclairer le haut commandement français dans son rapport de 11h00 puisqu'il annoncera :
"Tous les renseignements portent qu'il y a environ 3000 hommes d'infanterie ennemie aux Quatre Bras et fort peu de cavalerie. Je pense que les dispositions de l'Empereur pour la marche ultérieure sur Bruxelles s'exécuteront sans grands obstacles."L'effectif hollando belge au Quatre-Bras s'élève alors à environ 7.000 hommes.
Compte tenu de ses informations il semble normal que Napoléon ait pu considérer qu'il pouvait aisément dsitraire de l'aile gauche commandée par Ney le Iers corps de Drouet d'Erlon et la division Girard.
Ces quelques informations semblent donc confirmer l'opinion de Davout selon laquelle
"La direction que l'Empereur donna au maréchal Grouchy sur Sombref peut être regardée comme la principale cause des désastres de cette campagne."Cet ordre donné sans connaitre les positions réelle de l'ennemi l'obligera finalement à livrer deux batailles simultanées avec des troupes trop éloignées pour pouvoir se supporter mutuellement valablement. Cela entraînera des manoeuvres improvisées mal comprises et mal exécutées sans compter que la pression anglo néerlandaise totalement inattendue provoquera un moment de panique à l'aile gauche.
Faut il y voir une baisse dans les capacités de l'Empereur? Je n'en sais rien. Peut être un signe de la baisse de qualité du service de renseignement français essentiellement fourni par la cavalerie légère.
Voici en gros mon opinion à ce sujet.
Elle est bien sur fort incomplète et parfaitement contestable.
Cordialement
Frédéric