Une demi-heure avant la bataille, Soult qui a remplacé Berthier, a envoyé un message à Ney...
"Je vous ai écrit, il y a une heure , que l' Empereur devait attaquer dans la position qu'il a prise entre les villages de Saint-Amant et de Brye.
En ce moment, l'engagement est très prononcé. Sa majesté me charge de vous dire que vous devait manœuvrez sur le champ de bataille de manière à envelopper la droite de l'ennemi et à tomber à bras raccourcis sur ses arrière.
Cette armée est perdue si vous agissez vigoureusement. Le sort de la France est entre vos mains. "
Mais Ney frappé de paralysie se refuse à manœuvrer sur le champ de bataille, il faudra que Napoléon lui-même prenne la tête de la vielle garde, pour que Ligny soit emporté.
Source/ Bonaparte A. Castelot
Bonjour,
Je suis désolé de vous contredire mais soit vous avez mal recopié la source, soit Castelot écrit n'importe quoi.
Le texte complet de l'ordre envoyé à Ney par Soult est le suivant :
"En avant de Fleurus, le 16 juin, à 15 H 30.
Monsieur le Maréchal,
Je vous ai écrit, il y a une heure, que l’Empereur ferait attaquer l’ennemi à 2 heures et demie dans la position qu’il a prise entre les villages de Saint-Amand et de Brye ; en ce moment l’engagement est très prononcé. S.M. me charge de vous dire que vous devez manœuvrer sur-le-champ de manière à envelopper la droite de l’ennemi et tomber à bras raccourcis sur ses derrières ; cette armée est perdue si vous agissez vigoureusement ; le sort de la France est entre vos mains. Ainsi, n’hésitez pas un instant à faire le mouvement que l’Empereur vous ordonne et dirigez-vous sur les hauteurs de Brye et de Saint-Amand pour concourir à une victoire peut-être décisive. L’ennemi est pris en flagrant délit au moment où il cherche à se réunir aux Anglais.
Le Maréchal d’Empire, Major Général, Duc de Dalmatie"Comme on le voit, l'ordre est écrit à 15h30. Soit, selon le timing prévu par Soult lui même, UNE HEURE après le début de la bataille (14h30) et pas une demi heure avant comme vous (ou Castelot) l'indiquez.
L'ordre qui avait effectivement été envoyé 1/2 heure avant la bataille était rédigé comme suit :
" En avant de Fleurus 16 juin, vers 14 Heures.
Monsieur le Maréchal,
L’Empereur me charge de vous prévenir que l’ennemi a réuni un corps de troupes entre Sombreffe et Brye, et qu’à 2 Heures et demie, M. le Maréchal Grouchy, avec les 3° et 4° corps, l’attaquera ; l’intention de Sa Majesté est que vous attaquiez aussi ce qui est devant vous, et qu’après l’avoir vigoureusement poussé, vous vous rabattiez sur nous pour concourir à envelopper le corps dont je viens de vous parler. Si ce corps était enfoncé auparavant, alors S. M. ferait manœuvrer dans votre direction pour hâter également vos opérations. Instruisez de suite l’Empereur de vos dispositions et de ce qui se passe sur votre front.
Le Maréchal d’Empire, Major Général, Duc de Dalmatie"On constatera trois choses :
1/ La lettre de 14h00 ne parle encore qu'un corps de troupe et pas de toute l'armée prussienne. Ce ne sera que dans l'ordre de 15h30 que l'on commence à se rendre compte que c'est effectivement toute l'armée (ou du moins un bonne partie) prussienne qui sa bat à Ligny. Il est vrai qu'au matin du 16 juin encore, Napoléon pensait que les Prussiens ne pouvaient aligner plus de 40.000 hommes.
2/ L'ordre de 14h00 évoque effectivement un mouvement de l'aile gauche sur la droite. Mais surtout on constate que l'inverse est également prévu. A 14h00 Napoléon ne s'attend toujours pas à une bataille de grande ampleur à Ligny puisqu'il estime qu'il pourra lui même manoeuvrer pour venir aider Ney.
3/ L'ordre de 14h00 précise que Ney doit d'abord vigoureusement pousser ce qu'il a devant lui avant de se rabattre
Le second ordre étant envoyé à 15h30, se pose alors la question de savoir à quelle heure Ney a pu la recevoir. C'est difficile à dire car les témoignages à ce sujet divergent. Mais ce ne dut probablement pas être avant 16h30.
Et à cette heure, il n'était plus temps pour Ney de faire le moindre mouvement vers Napoléon puisqu'il était sérieusement engagé aux Quatre-Bras contre un ennemi qui ne cessait de croître en nombre.
Quant aux hésitations de Ney, il est intéressant de lire le témoignage de Répécaud, officier du génie attaché aux IIème corps français commandé par le Général Reille :
« Je venais d’arriver à Frasnes, il était midi environ, et désirant reconnaître la position qu’occupait l’ennemi, je m’avançais sur la grande route, ou plutôt sur le terrain élevé qui, en ce point, borde cette route, lorsque j’entendis un cri d’appel qui ne pouvait s’adresser qu’à moi ; je me retournai, et je vis un groupe d’officiers généraux qui, prévoyant que j’attirerais sur eux l’attention des vedettes ennemies, me faisaient signe de descendre sur la route. J’obéis et, revenant sur mes pas, je vis que ces officiers était le commandant en chef du 2e corps et les généraux divisionnaires Foy et Bachelu, lesquels accompagnaient le maréchal qui leur prescrivait les dispositions de l’attaque.
Le général Bachelu ayant fait remarquer que les ondulations du terrain et la hauteur des blés lui permettraient de dérober à l’ennemi l’approche de sa division, qui devait marcher entre la route et un bois situé à sa droite ( le bois de Delhutte qui n’existe plus ) le maréchal l’interrompit par ces mots : « Qu’avez-vous besoin de tant de précautions, vous n’aurez affaire qu’à cette poignée d’allemands qui, hier, ont été sabrés à Gosselies .»Comme on le voit, Vers midi, déjà, Ney prenait ses dispositions pour l'attaque des Quatre-Bras et ne semblait nullement impressionné par les troupes qu'ils pouvait avoir en face de lui. Le témoignage de Répécaud est confirmé par le général Foy qui était présent.
Un autre témoignage qui semble plutôt montrer que Ney ne fut pas réellement hésitant au matin du 16 juin est celui de Charles de Flahaut (ADC de Napoléon) qui évoque dans un lettre à Thiers les événements de la journée :
"J'étais auprès du maréchal Ney pendant toute l'affaire, il a montré son courage et sa résolution habituels, mais n'a pris aucune disposition, se bornant, toutes les fois qu'il arrivait de nouvelles troupes, à les lancer ou les mener contre l'ennemi, prenant comme on dit le taureau par les cornes dans une position extrêmement forte et n'ayant pas lui-même des forces suffisantes pour réussir : enfin, la nuit venue, l'ennemi ne voulant que défendre la route qui mène des Quatre-Bras à Fleurus, l'affaire cessa de part et d'autre, de guerre lasse."Flahaut ne mentionne aucune hésitation de la part de Ney mais parle plutôt de résolution. Au contraire même, il semble reprocher à Ney d'avoir sousestimé l'ennemi.
Cordialement
Frédéric