Capitulation de Vienne - 13 mai 1809

[lodi57]

Il y a 200 ans, l'Autriche profitant de l'engagement de l'armée française en Espagne et soutenue financièrement par l'Angleterre, déclarait la guerre à la France. Le 13 mai 1809, Vienne, sa capitale, signait à deux heures du matin sa capitulation et les portes de la ville étaient occupées par Oudinot à six heures. Un ordre du jour de l'Empereur, ci-joint, faisait suite à cet évènement.

[Pariente]

Cette campagne marque le début du « grand écart » entrepris par Napoléon entre l'Espagne et l'Est de l'Europe.

Dans l'esprit de nos voisins européens, Napoléon demeure attaché à une image de saccages, de pillages, d'incendies et de massacres. Mais il me semble que seule une ville fut pillée par les troupes françaises lors de l'Empire. Car l'Empereur l'avait promis aux soldats, durant le siège difficile. Cependant, selon des sources que je ne trouve plus, il aurait fait cesser toute exaction après quelques heures, tant les cris de la population le remuaient.

Qu'en est-il réellement ?

On voit ici un appel à la correction (comme lors de la première prise de Vienne, en 1805), mais fut-il respecté ? Et d'une manière générale, les troupes françaises agissaient-elles de façon noble lorsqu'elle occupait une ville ?

Amitiés,
Pariente.

[Bruguière]

La guerre est la guerre noble Pariente.................

J'ai vu récemment un documentaire, (de la BBC), se lamentant du sort "terrible" réservé, en 1945, par les "infâmes" soldats soviétiques aux "pauvres" populations hongroises et roumaines..........


   Il n'y a pas de guerre propre ou noble...............

[lodi57]

On voit ici un appel à la correction (comme lors de la première prise de Vienne, en 1805), mais fut-il respecté ? Et d'une manière générale, les troupes

Dans tous les cas, tout est mis en oeuvre pour que ce soit respecté, témoin l'ordre du jour du 14 mai 1809 :

"Quartier impérial de Schönbrunn, 14 mai 1809.

ORDRE DU JOUR.

L'Empereur voit avec peine les désordres qui se commettent en arrière de l'armée; ils deviennent tels, qu'ils doivent fixer toute son attention. De mauvais sujets cherchent à  déshonorer l'armée, et, au lieu de se trouver à  leurs drapeaux et devant l'ennemi, ils restent en arrière, où ils commettent toute espèce d'excès, et même des crimes.
Sa Majesté ordonne aux généraux-gouverneurs, commandant les provinces, de former sur-le-champ des colonnes mobiles, composées chacune d'un adjudant commandant ou colonel, d'un chef d'escadron, d'un capitaine d'infanterie, d'un officier de gendarmerie faisant fonc­ions de rapporteur, d'un magistrat du pays.

Ces officiers formeront autant de commissions militaires qu'il y a de colonnes mobiles.

La première de ces commissions étendra sa juridiction sur le cercle de Vienne; la deuxième, sur le cercle de Saint-Pölten; la troisième, sur le cercle de Steyr; la quatrième, sur le cercle de Linz; la cin­quième, sur le cercle d'Untermanhartsberg.

A la suite de ces commissions et sous les ordres de l'adjudant commandant, il y aura trois brigades de gendarmerie, de 60 hommes à  cheval et 90 hommes d'infanterie. Chaque détachement de cavalerie sera commandé par un chef d’escadron et chaque détachement d'infanterie le sera par un capitaine. Chaque détachement a~ra le nombre d'officiers prescrit par les règlements militaires en raison de sa force.

Tout traîneur qui, sous prétexte de fatigue, se sera détaché de son corps pour marauder, sera arrêté, jugé par une commission militaire et exécuté sur l'heure.
L'adjudant commandant de chaque colonne mobile rendra compte tous les jours au major général du lieu où il se trouvera et des opérations de la commission.
Ces colonnes, qui seront fortes de plus de 150 hommes, se diviseront en autant de petites patrouilles que l'adjudant commandant jugera convenable, afin de se porter partout où besoin sera.

Auprès de chaque commission il y aura un magistrat de cercle.

Chaque commission se rendra sur tous les points où elle jugera sa présence nécessaire, dans l'arrondissement du cercle.

Le présent ordre du jour sera affiché dans toutes les villes et villages sur la route de Strasbourg à  Vienne, et lu aux différents régiments et détachements qui passeront. Il en sera remis un exemplaire à  chaque commandant de troupes de passage."

[lodi57]

Et d'une manière générale, les troupes françaises agissaient-elles de façon noble lorsqu'elle occupait une ville ?

Comtesse Thürnheim: "Les troupes des Alliés n'avaient rien à envier aux Français pour ce qui est de la barbarie. Les Bavarois sont durs et méchants, les Italiens des brigands, les Saxons brutaux et voleurs, mais les exactions des Wurtembergeois dépassent tout le reste. Ils se comportent en particulier de façon horrible envers les prêtres, qu'ils haïssent en raison de leur différent religieux. Il n'y a qu'avec les soldats du Nassau que l'on est satisfait"

Albrecht Adam (un peintre militaire bavarois): "A Vienne on ne se réjouissait bien sûr pas du résultat de la guerre (il s’agit de la période après Essling) , mais il régnait dans ses murs le plus grand calme. Le penchant pour les distractions et l’attrait pour tout ce qui est nouveau surpassaient chez beaucoup de viennois les sentiments d’amertume. La galanterie des Français recueillait les faveurs des dames; beaucoup d’argent circulait, et, bientôt, tout Vienne vivait dans la joie et les bonnes choses."

[Pariente]

Merci beaucoup, mon général.

Vous me confortez dans l'idée que nous nous sommes, dans l'ensemble, plutôt bien comportés. Cependant, je suis assez attristé qu'on associe encore et toujours Napoléon et la Grande Armée à un pillage général de l'Europe, amenant à sa ruine. Car enfin, si l'Autriche (j'entends là, la couronne) fut ruinée, c'est parce qu'elle accepta par deux fois l'or anglais, à sa perte. Pour la Russie, c'est elle-même qui brûla ses terres, et Moscou prit feu, selon Caulaincourt parce que le comte Rostopchin en avait décidé ainsi.

On oublie trop souvent la grande beuverie des armées austro-russes à Paris, en 1814.

Amitiés,
Major Pariente.

[lodi57]

Le témoignage du hussard Bangofsky (du 7ème) qui s'était logé dans une maison dans la banlieue de Lübeck, le soir du 6 novembre 1806 : "A peine commencions-nous ce frugal repas, que des coups redoublés ébranlent la porte ; les soldats, à qui on avait laissé la main haute, se dispersant en ville, pillaient les maisons, au milieu de cris et de lamentations. C'était pitié de voir et d'entendre les malheureux habitants victimes de cette journée qui avait coûté tant de sang ! Je me lève de table et somme les soldats qui voulaient enfoncer la porte à coup de crosse, d'aller ailleurs, affirmant que la maison était pleine d'officiers blessés ; ils obéirent ; mais il fallut bientôt se défendre contre d'autres plus violents encore. Nos hôtes nous suppliaient, comme des ange tutélaires, de ne pas les abandonner ; mais que faire, à deux, contre tant d'assaillants, sans être nous-même, à l'abri de leur fureur ? Nos sabres nus défendaient bien l'entrée ; mais nous allions être réduit à céder à la force, quand deux officiers de ma connaissance, que j'avais aperçus et appelés, nous aidèrent à protéger la maison jusqu'au soir et, avec le secours d'un autre soldat, à barricader les portes. Pendant la nuit, plusieurs personnes, sachant qu'il y avait de l'ordre et des défenseurs, vinrent s'y réfugier."

Mais aussi en 1805, à Schwechat, banlieue de Vienne : "J'eus mon logement chez un apothicaire, où il était temps d'arriver : toute la boutique allait être pillée par des fantassins ; le sabre à la main, me faisant place, je chassait tout le monde et rétablit l'ordre."

[Bruguière]

D'accord mais c'est Vienne !!!