Merci pour la réponse.. juste un truc quand même.. je ne suis pas sûr que l'autrichien avait du 4£.. mais du 3, du 6 et +.
donc, le décret précise-t-il la présence de 3 et 4£ autrichiens? Cela dit, c'est un peu du détail, tout en restant intéressant
JMM
Pour compléter, ci-joint l'extrait d'un article sur l'artillerie régimentaire tiré de Tradition Magazine N°78-79 : J'avais posté ça dans une section restreinte du forum.
"En France, la création de l'artillerie régimentaire est due à Maurice de Saxe et remonte au mois de décembre 1743, avec l'attribution de 2 pièces de calibre 3 pour chaque bataillon d'infanterie. En réalité, il s'agit d'une artillerie d'appoint licenciée sitôt la guerre terminée, ce qui est le cas en décembre 1748.
Réorganisée en janvier 1757, à raison d'une pièce de canon "à la Suédoise" (7) par bataillon, elle est de nouveau supprimée en décembre 1762.
Elle voit de nouveau le jour en février 1793[/s], avec la création des demi-brigades d'infanterie de ligne fortes de 3 bataillons et d'une compagnie de canonniers volontaires servant 6 pièces de 4.
En mai 1795, le nombre de pièces est réduit de moitié et réparti dans les bataillons, les canonniers en surnombre étant affectés dans les régiments d'artillerie à pied. Comme ceux-ci choisissaient les meilleurs, la solution se révéla pire que le mal et l'on revint à la compagnie régimentaire ou plutôt "demi-brigadaire" par l'arrêté du 8 janvier 1796. Mais tous ces replâtrages ne satisfont personne et s'étant montrée plus encombrante qu'inutile, cette artillerie d'accompagnement disparaît discrètement à partir de 1798.
En 1809, le nombre important de pièces légères (de 3 ou de 5) prises aux Autrichiens et aux Prussiens donne l'idée à l'Empereur de reconstituer l'artillerie régimentaire. Disons également que la « demi-défaite » d’Essling n’y est pas tout à fait étrangère !
Dès le 24 mai, il prescrit d’adjoindre à chaque régiment d’infanterie de l’armée d’Allemagne, 2 pièces de 3 ou de 5.Le 27 mai suivant, c’est le tour de l’armée d’Italie et du corps d’armée du général Marmont.
Le décret Impérial du 9 juin 1809 nous donne le détail de l’effectif et, si vous le permettez, nous allons prendre l’exemple de la compagnie d’artillerie régimentaire du 67eme de ligne que commande le colonel Petit.
Formée dans l’île de Lobau, le 16 juin 1809, elle est sous les ordres du lieutenant Mounier, qui n’a rien d’un artilleur, puisque la veille, il était encore officier à la seconde compagnie de fusiliers du 2eme bataillon… Son adjoint, le sous-lieutenant Quantin, ne l’est pas non plus, puisqu’il vient, quant à lui, de la 4eme compagnie de fusiliers du même bataillon. A dire vrai, nous avons eu beau écarquiller les yeux, nous n’avons trouvé aucun artilleur parmi les 3 sergents, les 3 caporaux, les 2 ouvriers et les 60 fusiliers convertis en 20 canonniers et en 40 conducteurs !
La compagnie se divise en 3 escouades : La première, sous les ordres du lieutenant Mounier, comprend 1 sergent, 1 caporal, 2 ouvriers et 20 canonniers avec 2 pièces de 3 ou de 5 et 3 caissons de munitions (chargés à 200 coups pour les pièces de 3 ou 150 coups pour les pièces de 5), le tout tracté par 20 chevaux. Les deux autres escouades sont commandées par le sous-lieutenant Quantin et comptent chacune 20 conducteurs encadrés par 1 sergent et 1 caporal. Le matériel, tracté par 52 chevaux, comporte une forge roulante, un caisson d’ambulance, un caisson de papier, 2 caissons de cartouches, 2 caissons de vivres et 6 voitures de bataillon.
Qu’il nous soit cependant permis de douter de l’efficacité de cette compagnie d’artillerie (ainsi que beaucoup d’autres d’ailleurs…) lors de la bataille de Wagram, car nous voyons difficilement un simple fusilier devenir un artilleur accompli en une vingtaine de jours !
Par son décret du 18 Octobre 1809, Napoléon décide que seuls les régiments d’infanterie stationnés en Allemagne, Illyrie et Dalmatie conserveront leur compagnie d’artillerie.
1811…Le ciel d’Europe se couvre de gros nuages noirs. Afin de parer à toute éventualité, l’Empereur renforce l’armée d’Allemagne qu’il a confié au maréchal Davout, nouveau Prince d’Eckmühl. Le 11 février 1811, ce dernier reçoit l’ordre d’augmenter les effectifs de son artillerie régimentaire. Désormais, chaque compagnie est sous les ordres d’1 capitaine, secondé par 1 sergent-major et 1 fourrier. Les ordres seront transmis par un tambour… lorsque les canons ne feront pas trop de bruit, bien sûr. Cette compagnie est divisée en 5 escouades ; les deux premières, commandées par le lieutenant, s’occupent du service des pièces et les 3 autres, sous les ordres du sous-lieutenant, tractent le matériel.
Les 2 escouades d’artillerie totalisent 2 sergents, 2 caporaux, 4 ouvriers et 40 canonniers. Les 3 escouades du train, outre 3 sergents et 3 caporaux, comptent 60 conducteurs. Le matériel se compose de 4 pièces de 3 et de 4 caissons de munitions tractés par la 1ère escouade du train avec 34 chevaux. La forge roulante, 4 caissons de munitions et 2 caissons de régiment sont tractés par les 30 chevaux de la 2nde escouade du train. Enfin la 3eme escouade à l’aide de ses 34 chevaux transporte les 8 caissons de bataillon contenant chacun 16 000 cartouches.
Le 17 avril 1811, l’ordre de constituer une compagnie d’artillerie est étendu aux régiments d’infanterie stationnés en France, puis, peu de temps après, à ceux de l’armée d’Italie. Le 24 juin 1812, tous les régiments à la solde française qui entrent en Russie ont leur compagnie d’artillerie, théoriquement composée de 3 officiers et d’une centaine d’hommes. Or sur un état de la Grande Armée daté du 1er juin 1812, nous pouvons lire que si le 21eme de ligne compte 92 artilleurs et le 7eme Léger, 89 artilleurs, le 127eme de ligne n’en aligne que 66, le 84eme de Ligne, seulement 60, tandis que le 4eme Suisse bat le record avec 48 artilleurs seulement…
De plus tous ces régiments n’ont que 2 officiers au lieu de 3.
Nous sommes donc loin des effectifs théoriques prévus par le décret du 11 février 1811. Bien entendu, nous ne pouvons pas généraliser en nous contentant de citer les chiffres de 5 régiments : il faudrait faire une étude plus poussée en prenant un par un tous les dossiers…étude bien éphémère d’ailleurs, puisque la campagne de Russie a recouvert tous ces effectifs de son grand manteau de neige…
A Paris, magnifiquement conservé dans l’une des salles du musée de l’Armée, on peut voir l’uniforme du lieutenant commandant de la compagnie d’artillerie régimentaire du 6eme de Ligne (Figure F).
En 1811, bien que faisant partie de l’armée d’Italie, notre régiment n’a pas eu à former sa compagnie d’artillerie, car la plupart de ses bataillons sont cantonnés à Corfou ou à l’île d’Elbe.
En Octobre 1812, cela va mal en Russie et l’Empereur a besoin de tous les soldats disponibles ; c’est pour cela, qu’entre autres, il fait appel aux 3eme et 4eme bataillons stationnés au dépôt de Vérone. Ceux-ci vont devoir constituer une compagnie d’artillerie, qui sera passée en revue le 17 novembre 1812. Commandée par un lieutenant, elle est divisée en 3 escouades : la première se compose d’1 sergent, d’1 caporal, de 2 ouvriers et de 20 canonniers. Les 2 autres totalisent chacune 1 sergent, 1 caporal et 20 conducteurs. Soit un total d’1 officier et de 68 hommes. Le matériel comprend 2 pièces de 6, une forge roulante, un affût de rechange, 3 caissons de munitions, 4 caissons de cartouches, 3 chariots de vivres et d’habillement, 1 chariot pour la solde et la comptabilité et 1 caisson d’ambulance. Affecté à la division commandée par le général Comte Grenier, le 6eme de Ligne et sa compagnie d’artillerie entrent à Berlin le 16 janvier 1813. Passé à la division du baron Gérard, notre régiment se bat, en août 1813, sur les bords de la rivière Katzbach, contre les soldats prussiens de notre vieil ennemi Blücher qui y gagne son bâton de maréchal. Le 19 octobre suivant, le voici à Leipzig où la plupart de ses officiers et de ses soldats sont faits prisonniers du fait de l’explosion malencontreuse qui a détruit le pont sur l’Elster. Les derniers rescapés du malheureux 6eme de ligne se battent à Hanau le 30 octobre 1813.
Sans en avoir la preuve formelle, nous pensons que les compagnies d’artillerie régimentaire ne sont pas reconstituées en 1813 et que, probablement, les rares qui existent encore sont versées dans les régiments d’artillerie à pied."
Notes : (7) Fondues par la maison Sautray, les pièces dites « à la Suédoise » sont beaucoup plus petites et plus maniables que les pièces normales. Elles ne pèsent que 600 livres environ et peuvent tirer 10 coups par minute. La vis de pointage est remplacée par une manivelle.