Bon, je met mon grain de sel dans le débat :
Rien à voir : Hier ( lundi donc, impossible de me connecter au forum : erreur de page....)
Dabord je vous invite à lire le dernier Gloire&Empire qui traite du début de la guerre d'Espagne. L'introduction résume assez bien les grandes lignes qui conduirent Napoléon à envahir la péninsule.
1) La péninsule Ibérique et surtout l'Espagne est en plein déclin. Les relation entre la France et cette dernière sont complexes :
Ennemies jusqu'en 1795, La France "révolutionnario-républicano-dictatoriale" de Napoléon et la Monarchie de droit Divin - bourbonnaise ( c'est presque une alliance contre nature ! ) deviennent alliés face à la menace de la perfide Albion ( problème des colonies espagnoles surtout ).
2) En Espagne, la fin de race des Bourbons est au bout du rouleau :
Le roi Charles IV est niais, faible et totalement sous la coupe de sa femme ( et cousine ) Marie Louise de Bourbon, qui ne semble pas avoir totalement ses facultés non plus... .
Son premier ministre ( et aussi amant de la reine ) Manuel Godoy, pour avoir négocier la paix avec la France est bombardé d'honneurs et de titres, surnommé le "Prince de la paix", marié avec une Infante d'Espagne, nièce du roi Charles IV ( il entre donc dans la famille royale...) . C'est ce dernier qui dirige véritablement le royaume selon le cablage suivant :
Godoy- - - - - - - -- - - > reine - - - - - - - - - - - > Roi
le prince des Asturies, héritier de la couronne, j'ai nommé Ferdinand. Il méprise ses parents ( on le comprend un peu !

), hait Godoy, mais manque de capacités et de talents.
Le peuple espagnol : pauvre, crasseux, prétentieux, mettant un point d'honneur à ne rien faire sauf fumer des cigares, et fanatiquement religieux ( l'inquisition brule encore en place publique ! ) et totalement dans l'ignorance du chaos dans la famille royale. Ah j'oubliais : ils sont xénophobes aussi !!!

Le Portugal quant à lui est la dernière base favorable aux anglais sur le continent et par où les leurs marchandises entrent en masse.
3) Le double jeu espagnol : Godoy essaye de faire de la haute voltige diplomatique : allié des français, il tente après Trafalgar de revenir du coté des coalisés. Il appelle le peuple espagnole à faire la guerre contre Napoléon, jusqu'à la nouvelle de Iéna qui le calme. Manque de pot, un courrier de charles IV adressé au roi de Prusse est retrouvé à Potsdam, promettant d'attaquer les Français dans le dos...
Pour se faire pardonner, les Espagnols s'empressent de plaire au nouveau césar : 15 000 Espagnols iront remplacer un corps français sur L'Elbe et signature du traité de fontainebleau partageant le portugal en 3 : 1/3 à Godoy, 1/3 pour l'héritier Ferdinand, 1/3 à Napoléon. Le Maréchal Junot à la tete d'un corps expéditionnaire sera l'éxécuteur du traité.
4) "Le retour du fils de la vengeance 1er épisode" : C'est alors que Ferdinand, tente un coup d'état qui fait " psschhiiiit !!! " , pour reprendre une expression devnu célèbre. Le fiston demande pardon à papa-maman et gagne l'admiration des espagnols qui detestent désormais Godoy...
Les souverains renouvelant leur confiance dans Godoy, la révolte gronde...
5) "L'empire contre attaque" : Le peu de talents décidement de cette famille, fait douter franchement Napoléon sur l'avenir de cette alliance qui menace son dos à chaque intervention en Europe centrale...
Avec Tilsitt, Napoléon se sent libre de régler le bazar qui rège dans la péninsule.
Junot controlant le Portugal, c'est murat qui est chargé de rétablir l'ordre en Espagne. Napoléon encourage par une avance lente le départ de la famille royale vers l'Amérique. Lorsque le peuple l'apprend c'est l'émeute :
Charles IV perd toute crédibilité, le palais de Godoy est mis à sac par la populace, et échappe de peu à la mort. Le roi abdique en faveur de son fils, en ayant démis son premier ministre de tous ses titres.
6) " le retour du fils de la vengeance 2ème épisode" : Ferdinand devient roi sous le nom de Ferdinand VII.
MAIS, Murat qui se sent à l'étroit dans son grand Duché de berg, ne l'entend pas de cette oreille. Il reve d'une couronne à la taille de son égo. Il refuse de reconnaitre le nouveau souverain et fais pression sur Charles IV pour qu'il revienne sur son abdication. Murat fais son entrée dans Madrid sous les acclamation de la foule, persuadé qu'elle lui est favorable. le lendemain, entré de Ferdinand qui bat Murat à l'applaudimètre. Dépit de ce dernier...
Le chaos s'installe, chacun des deux souverains refusant de laisser la place à l'autre et Murat trafficotant dans son coin, la situation devient intenable.
Napoléon est appelé comme arbitre.
7) " Le retour du Jedi " : Afin de régler les problèmes dans le calme est sans la pression de la foule, Napoléon organise l'entrevue de Bayonne mais exige la présence de toute la famille royale. Charles, sa femme et l'amant de sa femme ( Godoy donc...

) arrivent les premiers et d'emblée Napoléon annonce à Charles IV qu'il ne le considère plus comme le souverain légitime, ayant perdu toute crédibilité ( envers lui, son peuple...). Charles IV déclare alors qu'il préfère voir Napoléon roi d'Espagne que son fils. Anecdote : A cette occasion "l'ex futur" roi vient les bras chargés de cadeaux et notamment toute une collection de chandeliers en marbre massif d'une lourdeur, d'une mochetée repoussante ( visible au chateau de fontainebleau...).
Murat, continuant vider l'Espagne de toute autorité pour mieux y poser ses fesses, organise de son coté le départ des derniers héritiers de Madrid ( contre la volonté de Napoléon ).
8 ) " piège de cristal " : Mais les espagnols et surtout la cour ont bien compris la menace. Et meme les derniers espagnols progressistes et pro français sont outrés par la brutalité polituique des Français. La révolte est soigneusement préparée et le 2 mai 1808 la chasse au français commence dans toute la capitale. Meme si les officiers et les nobles espagnols au nom de l'honneur essayent de limiter les exactions de la populace déchainée ( faire des prisonniers ), beaucoup de français périssent dans d'atroces circonstances.
9) "l'ennemi intime" : le 3 mai, le repression impitoyable de Murat s'abat sur la ville. Mais la révolte s'étend à l'ensemble du pays, y compris dans l'armée régulière qui prend les troupes françaises à revers. C'est le début d'une guerre atroce où tout les moyens sont permis. Napoléon envoie vers l'Espagne ses meilleurs maréchaux, persuadé que comme lors de vendémiaire (1795) le canon suffira à rétablir l'ordre. les Anglais 'sempresse de ravitailler les Espagnols et prépare un débarquement au Portugal où le pauvre Junot se retrouve bien seul, isolé dans un pays à peine conquis, dos à un pays en plein révolte...
10) J'ai employé volontairement comme dernier titre "l'ennemi intime" car ce film de toute beauté et d'une violence terriblement réelle m'a enormément fais penser à l'Espagne et au Sud de l'Italie en révolte permanente contre les Français. J'ai en mémoire des récits d'exactions commisent de part et d'autre qui n'ont rien à envier à la guerre d'Algérie. Les guerres sont toujours sales, mais les guerres civiles sont vraiment le pire de la guerre...
11) On voit donc que Napoléon ne s'est pas fourré dans le guépier espagnol volontairement mais y a été contraint par les évènements. Comment laisser une péninsule en chaos perpétuel, mal controlé par leurs propres souverains, qui plus est alliés peu fiables, avec une menace quasi permanente à l'autre bout de l'Europe ( Prusse, Russie, Autriche...), sans parler d'une porte ouverte aux Anglais...
Pour controler le Portugal, il faut pouvoir compter sur l'Espagne et l'Espagne était une planche pourrie. Bien malin celui qui aurait trouvé la solution... Au mieux, meme en cas de victoire française totale, il aurait fallu laisser une grande quantitée de troupes pour controler le pays, ce qui revient dans tous les cas à faire la guerre sur deux fronts.
Enfin, l'ignorance de l'Espagne et du Portugal revenait à laisser le hasard peser sur le destin de l'empire et Napoléon à horreur du hasard...