Napoléon et sa Garde.
Nous arrivâmes le 12 Août et nous installèrent dans le campement à quelques lieux du château de Pont-de-Briques où l’Empereur était déjà présent avec tout son état major et sa maison. Des compagnies de Chasseur à cheval de la Garde et du 1er régiment des chasseurs à pied de la Garde avaient le bonheur de l’accompagner.
Pour cette fois, les hommes de notre régiment étaient un peu jaloux mais ils savaient que leur tour viendrait de servir d’escorte à notre petit caporal respecté.
Le 13, le capitaine Le Sang avait réuni la première compagnie et avait procédé à la vérification de chaque fantassin avec toute la rigueur nécessaire. Il fallait que chaque homme ait son équipement parfait lors de la revue. A défaut, le Chef de Corps commandant le 1er régiment pouvait prendre des sanctions disciplinaires exemplaires… mais cela n’était arrivé qu’une seule fois de mémoire d’officier.
Et enfin le 14 Aout, dès les premières lueurs de l’aube, les deux bataillons constituant le régiment firent
mouvement vers le camp de l’Empereur, musique en tête. Les baïonnettes fixées au fusil scintillaient dans le soleil naissant.
Comme à la parade, les cinq mille hommes de la garde impériale prirent position dans le vaste jardin faisant face à la grande demeure où résidait Napoléon. Nous nous attendions à le voir paraître au balcon… et toutes les têtes étaient orientées vers cette zone… mais une clameur monta de la droite… Il était là, monté sur une belle jument au pelage blanc, suivi de tous les Maréchaux et officiers d’ordonnance.
Il se plaça face à nous alors que son état major se positionnait en retrait.
Sa voix était forte et claire, avec un accent délicieux : « Officiers, Soldats, mes enfants… les ennemis de la Nation nous menace… nous n’allons pas nous laisser envahir… »
Et pendant une demi heure, d’une voix posée, l’Empereur nous harangua avec conviction…
Napoléon se tut enfin… nul ne savait s’il avait terminé… mais après quelques secondes d’attente, un premier grenadier cria « Vive L’Empereur »… suivi d’un second puis instantanément 5000 voix se rejoignirent dans un « Vive L’Empereur » général et explosif.
14 Aout 1805… Extrait du Recueil du Sergent Bonheur
1er compagnie, 1er bataillon, 1er régiment de grenadiers de la garde impériale.