Bonjour.
Ce midi, profitant du Soleil en terrasse, j'ai écouté sur mon téléphone portable une émission de France Inter, 2000 ans d'Histoire. L'invité du jour était Thierry Lentz. Il a publié son dernier roman, Les Cents-Jours dans lequel il revient sur ce court et très intense épisode de notre histoire. Voilà ce que j'ai retenu de ses propos.
Le nom de Sainte-Hélène court déjà en novembre 1814 dans la presse anglaise. Flairant le piège et ne tenant plus sur son caillou, Napoléon a quitté l'île d'Elbe pour Golfe Juan alors que les Anglais s'attendaient à le voir débarquer - s'il avait osé le faire - en Italie du Nord. Il est accompagné de ses fidèles : Cambronne, Bertrand, Drouot et d'autres. Des passages sonores de films tels que Napoléon (avec Christian Clavier) ou les spectaculaires réalisations de Bondartchuk illustrent de temps à autres les paroles du présentateur et de son invité.
M. Lentz a précisé à ce sujet que l'Empereur n'est resté que trois heures à Golfe Juan et que l'ovation générale que l'on peut voir dans Waterloo n'a jamais eu lieu - du moins, sur le lieu du débarquement.
Louis XVIII n'a pas pris la menace au sérieux et a envoyé Ney s'assurer toutefois de « ramener le monstre dans une cage de fer » selon sa propre formule. Pour sa part, l'Empereur sait que toute la France ne l'accueillera pas favorablement, et c'est pourquoi, selon M. Lentz, il aurait entrepris ce détour par les Alpes qui est devenu la route Napoléon. Partout où il va, il se pose en digne héritier de la Révolution, promettant de conserver les acquis de la Restauration (dont le régime était nettement moins autoritaire, notamment pour ce qui a trait aux chambres), de priver à nouveau les biens du Clergé, etc. Selon notre homme, cela lui assura un soutien significatif mais lui mit aussi des bâtons dans les roues car les élections législatives et les premières élections communales seront perdu par les Bonapartistes au profit des Libéraux pour les premières et des Royalistes pour les autres.
L'épisode de la rencontre avec le 5ème de ligne où l'Empereur s'exposa à la ligne qui lui fit face est avéré et s'est déroulé comme la Légende le raconte, ce qui renforça considérablement l'aura de l'homme providentiel. Ney se rallia. Tout va très vite. En vingt jours, il est à Paris et c'est à peine si Louis XVIII a le temps de fuir. L'aigle a volé de clocher en clocher jusqu'aux tours de Notre-Dame, et a repris le trône sans faire couler une goutte de sang.
Mais l'erreur de Napoléon aurait été de partir de l'île d'Elbe alors que le Congrès de Vienne n'était pas fini. Cela permit à Talleyrand de mettre d'accord les puissances européennes sur un point : Napoléon fut déclaré « hors-la-loi ». La guerre revint. De fait, la campagne de Belgique a bien failli tourner à l'avantage de la France si Blücher et si Grouchy - ils n'ont pas eu le temps de détailler les mouvements de chacune des armées. Toutefois, M. Lentz ajoute que Napoléon était fatigué durant cette rapide campagne, et que peut-être sentait-il que régner n'était plus possible. La suite, nous la connaissons.
Le point le plus important, selon moi est l'insistance de M. Lentz sur le fait que finalement, les Cent-Jours et Waterloo sont des chapitres de gloire pour la France, même si le bilan est catastrophique. Il a de surcroît fait remarquer que Napoléon a gagné la guerre à travers les siècles, car l'Histoire et la Légende se confondent dans le mémorial de Sainte-Hélène. De fait, Napoléon est infiniment plus célèbre et adulé que Wellington et Blücher réunis. La légende n'aurait pas été complète sans Waterloo, et la mémoire du « plus prodigieux des passants » a agité Chateaubriand, Delavigne, Hugo, Stendhal, Balzac, Detaille, Dumas, Tolstoï, Gance, Bondartchuk et tant d'autres.
Assurément, comme l'assure M. de Caunes dans son film Monsieur N., la dernière bataille de l'Empereur est une victoire.
Voilà, si vous êtes arrivé jusqu'ici en ayant tout lu, je suis flatté. Sachez que mon message n'est pas qu'informatif, car il fait écho à un débat que nous avions vaguement esquissé ailleurs sur le fait que les Cent-Jours et Sainte-Hélène étaient d'un certain point de vue une grande victoire.
Bonne soirée à tous,
Pariente.