Auteur Sujet: Attaques combinées  (Lu 15223 fois)

Hors ligne nick

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Re : Attaques combinées
« Réponse #15 le: 06 mars 2007, 12:57:47 pm »
De cette époque aux uniformes si chamarrés et voyants, le "fond" de la guerre, des combats était d'avoir une force de feu ou de charge puissante et destructrice (tous les coups ne portaient pas!!) et la philosophie était l'honneur, la gloire, l'héroisme, un peu comme les chevaliers du moyen age!
Les ruses et autres camouflages ont toujours existé depuis l'antiquité, certains mercenaires de l'armée romaine étaient spécialistes du camouflage (les nations "barbares" notamment).
La guerre 14/18 si meurtrière a obligé nos penseurs militaires à oublier un peu cet "honneur" des charges à la baionnette au profit du l'efficacité et l'économie des vies humaines (uniformes, commandos) car depuis Solférino, Magenta ou la guerre de sécession, le monde était rentré dans des guerres où   l'efficacité des armes (mitrailleuses, fusils à répétition, artillerie de + en + massive...) prenait le pas sur les qualités guerrières des soldats (le courage ne peut rien contre un barrage d'artillerie), les batailles devenaient immenses (la Marne, Verdun...) et devenaient de - en - des "tragédies" (1 lieu, 1 action, 1 temps défini)!
Honneur et Gloire!!


Hors ligne Reinel

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Re : Attaques combinées
« Réponse #16 le: 06 mars 2007, 13:18:04 pm »
Je partage ton constat... mais je trouve aberrant que dans un combat "de masse", le paraitre prenne le pas sur l'efficace.

La répartie de Lepic à ses grenadiers à cheval sous le feu de l'artillerie ENI : "Haut les têtes, Messieurs, la mitraille c'est pas de la merde.", si elle est folklorique, n'en reste pas moins à la limite de la "faute professionnelle".
Ce qu'on demande à un officier, c'est d'apporter le maximum de décision quand la troupe qu'il commande intervient. Et il aurait été plus décisif de pouvoir amener un max de cavaliers au contact de l'ENI qd la charge sera sonnée que de chercher à impressionner celui-ci en restant stoïque sous le feu telles des quilles attendant le strike du canonier ENI.
Le seul argument que je pourrais voir à cette attitude c'est qu'il devait être plus facile d'emmener ses troupes dans une charge quand elles quittaient un telle position plutôt que lorsqu'elles venaient d'une posture plus abritée  :?


@+
« Modifié: 06 mars 2007, 18:10:05 pm par Reinel »

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Re : Attaques combinées
« Réponse #17 le: 06 mars 2007, 17:59:18 pm »
bonsoir .

je rejoins assez le constat de Nick:"honneur,gloire,héroisme"

le militaire doit faire preuve au service de Napoléon et de l'état,d'un allant et d'une bravoure sans failles sur le champ de bataille.
l'Empereur d'ailleurs,traita les officiers qui se rendirent à Baylen avec  dureté ou indifference suivant les cas et cela ne choqua aucun militaire.
un officier de Napy avait écrit dans son journal de route:
"-le sentiment qui me guidait dans cette circonstance était moins le désir de combattre l'ennemi que de me faire une réputation parmi mes braves"
ça explique peut-étre le comportement et la repartie de Lepic,qui je le reconnais est stupide,mais qui ne manque pas de panache et de tripes,et sans nul doute ,ce devait etre un meneur d'hommes et ses hommes devaient certainement le suivre en enfer. :twisted:
l'autorité,la confiance et le respect des soldats se méritent et le sous-lieutenant tout juste promu sait les regards qui le suivent,quétant ses reactions et jugeant de sa contenance face à l'ennemi.
pour la plupart des officiers l'honneur est inséparable du drapeau de leur régiment et du service à l'Empereur.
il allait d'ailleurs à la bataille comme il allait au bal parait-il.
l'honneur exigeait parait-il certaines régles envers l'ennemi,non écrites et et de longtemps établies.

sinon pour répondre à la question de Reinel,je ne connais pas d'autres nations ayant eu ce comportement au combat,exeptés peut-etre les Amérindiens. :mrgreen:
pourquoi n'as-t'il pas etait généralisé sans doute le code de l'honneur !!!!

salutations grognards.
« Modifié: 06 mars 2007, 18:23:47 pm par during »

Hors ligne cne Ferrere

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Re : Attaques combinées
« Réponse #18 le: 06 mars 2007, 18:40:18 pm »
Comme disait Napoléon himself, dans une bataille tout est question de rythme. Il faut chercher à imposer son rythme à l'adversaire.
Faire mouvement, lui faire écran, voire faire de la persuasion (faire croire quelquechose à l'ENI qui n'existe pas) faisait parti à l'époque des actions menées par les belligérants des 2 côtés.

Il est donc bon de toujours manoeuvrer en interarmes et de savoir utiliser son INF, sa CAV et son ART au bon moment.
Il n'y a pas de recette type qui marche à tous les coups, mais il faut savoir juger son ENI et le connaître pour savoir comment il agit. D'où l'impératif nécessité de faire de la RECO.

 
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Hors ligne La bleusaille

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Re : Attaques combinées
« Réponse #19 le: 06 mars 2007, 21:10:00 pm »
Pour revenir sur la question du camouflage, il est vrai qu'à l'époque on ne cherchait pas à se dissimuler (sauf en cas de ruse) mais bien à se montrer, pour en imposer à l'adversaire et aussi parce qu'on manoeuvrait en formation. Les uniformes étaient chamarés car on pensait que cela augmentait l'esprit de corps et qu'un soldat fier de son bel uniforme se battrait plus longtemps, au lieu de détaller. Ce n'est que plus tard, avec l'augmentation massive de la puissance de feu des armes qu'on a dû inventer une autre façon de faire la guerre, de se salir dans la boue, de se disperser, de se dissumuler, d'adopter des couleurs comme le vert, le kaki ou le brun. C'était vraiment une autre époque.

Les armes dégageait une fumée abondante, à tel point qu'un bataillon, après avoir laché la première salve sur l'ennemi, tirait droit devat, dans le nuage de fumée, sans viser réellement. En Espagne, on dit qu'un bataillon a ainsi tiré sur un adversaire pendant vingt bonnes minutes alors qu'il n'était plus là depuis un moment. Je crois que c'est le général Duhesme qui a dû taper sur les fusils à coups de sabres pour obliger les soldats à cesser. Dans la fumée, les couleurs servait à se reconnaître. De plus, les fusils se chargeaient pas le canon, il fallait donc être debout pour combattre.

Autant de raisons et de pistes pour expliquer les tactiques de l'époque.

Salutation, Grognards !
Dans la guerre, rien ne s'obtient que par le calcul : tout ce qui n'est pas profondément médité dans les détails ne produit aucun résultat.

Hors ligne Reinel

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Re : Attaques combinées
« Réponse #20 le: 07 mars 2007, 14:08:00 pm »
Salut,

En terme de constat, je suis d'accord avec tout ce que vous avez dit ; cela explique pourquoi les troupes étaient presque tjs debout sur le champ de bataille.

Il est évident que, les engagements de l'époque se jouant sur la masse et les manoeuvres, il était préférable que les troupes fussent debout pour être efficaces  :mrgreen:. De même, pour recharger le mousquet, la position debout était impérative (bien que certains voltigeurs bien entraînés réusssissaient cette manipulation allongés).

Je comprends tout à fait que les troupes au contact de l'ENI (à distance de tir), voire celles dont la présence sur le champ de bataille pouvaient influencer la manoeuvre ENI, soient debout.
Maintenant, sur la pertinance de la systématisation, je trouve qu'il y a plus d'honneur et de gloire à préserver la vie des hommes dont on est responsable tant que cela ne nuit pas à la mission qu'à les laisser servir de cible aux cannoniers ENI ou, dans un autre registre, à s'emparer d'un pont devant Vienne en affirmant aux défenseurs qu'une armistice a été signée  :?


@+

NB : réflexion d'un homme du XXe sciècle, vivant au XXIe, sur une pratique constatée au début du XIXe => forcemment, y'a un décalage.

Hors ligne La_Provence

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Considérations militaires
« Réponse #21 le: 07 mars 2007, 22:50:49 pm »
Mes avis sur ce sujets :

De beaux uniformes ?
La réponse est simple et connue.
Si les uniformes de cette époque sont aussi colorés - toutes les nations sont concernées y compris les mameluks - c'est dans la continuité des pratiques de l'ancien régime qui veut qu'une nation et/ou un souverain puissant devait avoir une armée belle et qui en impose par son aspect.
On pensait en effet que cela pouvait avoir aussi une influence sur le moral des combattants ; c'était sans doute vrai dans une certaine mesure.

La formation en rang serrée, offrant une cible facile ?
Là aussi, la réponse est connue.
Si les réglements de l'époque -toutes nations confondues - imposent la formation en rangs serrés, c'est pour maintenir la cohésion de l'unité et "forcer" les hommes à conserver leur place.
Quelquesoit le niveau de motivation et/ou de moral de votre homme, ce dernier se sentira en sécurité pressé au milieu de ses camarades. De plus, cette position l'obligera à suivre le mouvement ET à ne pas prendre la fuite prématurément.
Pour les actions en "solitaire" (tirailleur par exemple), on utilisera des hommes aguerris : les voltigeurs qui sont sensés faire partie de l'élite.

Les unités restent parfois des heures immobiles sous le feu de l'ennemi.
Là aussi la réponse est facile (à mon sens), surtout si l'on a pratiqué de façon intensive le wargame*.
Primo = A cette époque, la portée des armes à feu imposait de se tenir à courte ou moyenne distance.
Segundo = Les temps de réactions/déplacement des unités sont également très longs. Donc, si l'on veut qu'une unité d'infanterie ou de cavalerie puisse avoir une action efficace, il faut que le GeC puisse en disposer rapidement (si elle se trouve à "l'abri" à 2km, elle ne servira pas à grand chose ! Hormis couvrir la retraite).
Tercio = Il ne faut pas croire qu'une unité qui essuie des tirs sans bouger pendant plusieurs heures ne joue aucun rôle durant la bataille. Pour moi, elle en joue un aussi important que celles qui vont au contact de l'ennemi.
Elles "soulagent" par leur présence les unités amies plus exposées au tir de l'ennemi. En effet, c'est toujours autant de coups en moins portés sur des unités jouant un rôle tactique.
De plus, étant en général en seconde ligne, l'ennemi y épuise son potentiel de tir avec un résultat moyen voir faible au niveau de l'efficacité.
On peut prendre l'exemple (imaginaire bien sûr  ;) ) de la Chine attaquant Monaco et perdant la guerre !
Si les chinois avancent un par un, ils se feront tous descendre, alors que si ......
S'il y a diffusion du tir, celui-ci perd de son efficacité ; au moins à court et moyen terme.

* Je parle de wargame sur carte, pas de wargame PC.
« Modifié: 08 mars 2007, 15:53:13 pm par La_Provence »
Salut et fraternité

La Provence




Hors ligne Marbot

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Re : Attaques combinées
« Réponse #22 le: 08 mars 2007, 08:37:45 am »
Bonjour

Quelques mots à rajouter sur le sujet

C'est sûr que pour recruter sous l'ancien régime un beau sergent en bel uniforme qui vous raconte ses campagnes réelles ou inventées devait en imposer à la future recrue qui rêve d'aventure. Avec la conscription évidemment... Cela devait rendre les conscrits aussi un peu plus respectables pour les populaions rencontrées. Je me demande cependant dans quel état devait être leur uniforme après quelques semaines de campagne...
Les mousquets étaient particulièrement inefficaces à l'époque (sauf à très courte portée), ils dégageaient beaucoup de fumée et n'étaient pas pratiques à recharger... La ligne permet au final de concentrer un feu assez important en plus des points développés précedemment.
Seul le fusil à conon rayé était précis mais comme il était lent à recharger et cher il a été peu utilisé et les français ne l'ont que très rarement utilisé même pour ceux qui "travaillaient" en tirailleur. Parmi les unités les plus connues équipées de fusils figure les rifles regiments anglais, dont je crois l'origine remonte aux déconvenues que les anglais ont subi face aux francs tireurs américains (minutemen).


Hors ligne Reinel

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Re : Attaques combinées
« Réponse #23 le: 08 mars 2007, 09:27:21 am »
Bonjour,

Je suis désolé, je vais franchement digresser du sujet original du topic.

Avez-vous remarqué comment la "considération" que l'on accordait au soldat du 1er empire sur le champ de bataille influence la vision que nous en avons aujourd'hui ?
C'est particulièrement net dans le domaine cinématographique. Dans toutes les scènes qui représentent des engagements "récents" (> 1850), les soldats touchés sont projetés au sol ou dans les airs, le sang gicle, … Dans les (rares) films qui traitent des combats napoléoniens, rien de tout ça (pour ceux que j'ai vus) : les soldats, bien alignés, tombent mollement, le plus souvent vers l'avant, tel des soldats de plomb qu'on aurait fait basculer d'une pichenette.

Il est évident que les balles sphériques propulsées par la poudre noire n'avaient absolument pas le même impact que les munitions modernes. Mais pour l'artillerie ? Je pense qu'un boulet (même de 4£) arrivant dans une formation serrée avait un effet nettement plus "spectaculaire" qu'une bascule face contre terre !

Mais non ! Les soldats de l'époque étaient menés et considérés comme des soldats de plomb => ils doivent tomber comme eux ! Tous les scénaristes devraient lire Bourgogne ou Faucheur avant de se lancer ds la reconstitution d'une bataille de cette période.


@+


PS : je suis néanmoins d'accord avec les conclusions de La_Provence même si je pense que, sur ce coup là, les anglais étaient plus malin que les autres (et, que je sache, il n'y avait pas moins de cohésion dans les troupes anglaises que dans les autres bien que la position de protection "couchée" y était presque systématiquement adoptée par les unitées placées en 2e ligne sous le feu ENI)

Hors ligne montebello

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Re : Attaques combinées
« Réponse #24 le: 08 mars 2007, 10:54:44 am »
Bonjour,
Puisqu'on parle films, j'en profite pour faire un peu de pub pour un film maintenant assez ancien mais que je trouve excellent: Waterloo de Bondarchuk
Certes on ne voit pas de sang gicler ou de soldats sauter en l'air mais j'y retrouve plein de choses, alors en vrac
-on retrouve les Anglais accroupis pour limiter les pertes
-si on voit surtout les soldats tomber "mollement" sous le feu ennemi, le film montre bien les effets de fumée dus à l'artillerie
-la rasade d'alcool avant l'assaut histoire de "réchauffer" le moral des troupes
-lorsque Ponsomby charge avec les écossais gris, on voit Wellington qui aperçoit la contre charge de la cavalerie française; il veut ramener ses cavaliers mais assiste impuissant à leur écrasement (genre de désagrément qui nous arrivera certainement avec LG  :()

Bref plein de choses qui font que je vous recommande chaudement ce film qui doit peut être même exister désormais en DVD
Pour moi avec dans un autre genre mais toujours sur l'Empire, duellistes, ce sont les 2 meilleurs films sur cette période ...

Bon, je digresse à mon tour mais tant pis  ;)
Et ce soir je me regarde une nouvelle fois Waterloo (c'est ma Maréchale qui va être contente !  :roll: :mrgreen:)

En guerre comme en amour, pour en finir il faut se voir de près
Napoléon 1er

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Re : Attaques combinées
« Réponse #25 le: 31 mars 2007, 00:32:08 am »
Salut à tous,

Pour revenir aux questions de camouflages, ne peut-on pas aussi considérer le fait de masquer/démasquer une batterie sur un champ de bataille comme une forme de camouflage (ou technique apparentée) ?
On n'utilise pas des éléments naturels mais on se cache derrière les masses d'hommes ou de chevaux pour ensuite découvrir ses canons au bon moment.
C'est un peu comme se cacher dans les blés, non ?