Tout à fait d'accord : Napy restait un homme du XVIIIe siècle, conservateur sur de nombreux sujets, dont les innovations en matière d'armement.
Juste pour info, si le grand homme était novateur dans de vastes domaines (on pense bien sûr à ses créations juridiques et ses institutions), d'autres concepts semblaient lui échapper quelque peu. Je pense nottament à l'économie. L'expérience calamiteuse des assignats pendant la Révolution a renforcé chez lui la conviction que seule une monnaie forte en métal précieux était valable. Cela vaudra à la France la création du Franc Germinal (à la valeur stable pendant 1 siècle, tout de même). Par contre, cette certitude reposait sur l'opinion largement répandue au XVIII e siècle qu'il y avait dans le monde une sorte de "gros tas d'or" réparti entre les nations. Plus on en avait, mieux cela valait. Ainsi, le blocus continental n'était pas aussi étanche qu'il y parait. Il existait un système de "licences" autorisant des commerçant à faire leur activité avec l'Angleterre afin de leur soutirer du numéraire (du métal précieux). Napy pensait qu'en prenant le tas d'or des Anglais, on affaiblissait leur pays : il voulait bien leur vendre, mais pas leur acheter. Le problème est que les Anglais ont produit du papier-monnaie et ont profité de leur maîtrise des mers pour commercer avec tous les pays à l'exception de l'Europe française, ce qui rendait la logique du blocus un peu absurde, même si ce n'était qu'une réponse au blocus maritime anglais. De plus, en vendant aux anglais, on leur fournissait des marchandises. En 1811-1812, si ma mémoire est bonne, la récolte a été mauvaise dans les îles britanniques. Les Anglais étaient en froid avec les Américains (il y aura même la guerre) et si la France n'avait pas fourni des grains, il y aurait sans doute eu de graves troubles. En s'imaginant ruiner le pays, on lui a en fait donner les moyens d'éviter une grave crise frumentaire ! Une belle occasion de ratée pour imposer des négociations.